Chaïm Soutine

Publié le par Unévangéliste

Chaïm Soutine

Chaïm Soutine - Vue de Cagnes © Musée des Beaux Arts de la Chaux de Fonds / ADAGP, Paris (2007) 
Musée des Beaux Arts de la Chaux de Fonds, Suisse
Collection René et Madeleine Junod
© La Chaux-de-Fonds-Suisse Photo : Pierre Bohrer
© ADAGP, Paris 2007
Chaïm Soutine - Maternité © Collection privée / ADAGP, Paris (2007)© Collection privée / ADAGP, Paris (2007) Chaïm Soutine - Nature morte aux fruits © Collection privée / ADAGP, Paris (2007)© Collection privée / ADAGP, Paris (2007) Chaïm Soutine - Les grands arbres bleus, Céret © Collection privée / ADAGP, Paris (2007)© Collection privée / ADAGP, Paris (2007)



À la Pinacothèque de Paris, du 10 octobre 2007 au 27 janvier 2008

Figure centrale du monde de l'art, le moins connu et le plus mystérieux des artistes de sa génération, Chaïm Soutine fait l'objet d'une grande exposition à Paris pour la première fois depuis 34 ans, en 1973 à l'Orangerie.

Soutine arrive à Paris en Juillet 1913 et découvre alors un monde très différent de sa Russie natale. Il est rapidement assimilé au juif immigré, à l'artiste typique de l'Ecole de Paris, avec tous les préjugés qui s'y attachent. Souvent considéré comme simple suiveur, il est intégré à la légende de Montparnasse en raison de son amitié avec Modigliani dont il fut l'un des plus proches amis.

C'est en étudiant le portrait que Modigliani fit de Soutine que Marc Restellini, a décidé de faire cette exposition. Dans ce sublime portrait, il a découvert que le bel Italien donnait à Soutine, le plus discrètement possible, une symbolique religieuse en le peignant avec la main gauche pratiquant la bénédiction des Cohen, cette famille des grands prêtres du Temple de Jérusalem. Ce détail volontairement secret révélait une personnalité hors du commun qui pouvait avoir échappé à tout le monde mais que Modigliani voulait pourtant immortaliser, comme pour donner à Soutine une dimension mystique.

Cette personnalité très particulière lui fait développer un art longtemps incompris, marginalisé, assimilé souvent à un artiste malsain, difficile, sur lequel tous les poncifs de l'antisémitisme ambiant viennent se greffer pour en faire un marginal dès son arrivée à Paris. Comme Modigliani, il a une carrière très singulière, entourée de légendes ; artiste maudit, il meurt sans être vraiment révélé sous son vrai jour. Encore aujourd'hui il ne reste de Soutine que l'image du juif émigré sur qui pèsent tous les interdits d'une religion trop contraignante et dont le physique se prête à tous les clichés antisémites.

Il est temps qu'une institution parisienne mette fin à tous ces clichés d'un autre âge et rende hommage à cet artiste qu'il convient de redécouvrir.

Cette exposition montrera un artiste génial, scrutateur des âmes et de l'esprit au travers d'environ 80 tableaux, dont la majorité sont des --uvres entièrement redécouvertes et exposées pour la première fois. De nombreuses toiles ont été restaurées pour cette occasion. L'ensemble provient des plus importantes collections privées et de musées internationaux français, japonais, suisses et américains.

Soutine visite par ses portraits la personnalité des modèles qu'il choisit. Il en tire la quintessence et exhume de chacun d'eux ce qu'aucun artiste n'avait su voir. Qualifié à juste titre d'artiste expressionniste, il est le seul à avoir représenté ce mouvement en France alors qu'il est la base même de tous les mouvements qui se développent aussi bien en Allemagne qu'en Autriche à la même période. Véritable visionnaire, il transcende une réalité pour la transformer en une représentation imaginaire avec près d'un siècle d'avance. À la charnière de plusieurs mouvements à peine encore naissants, il s'appuie sur ses prédécesseurs les plus classiques et les plus illustres (Rembrandt, Courbet, Corot, Cézanne…) pour devenir le précurseur majeur des plus grands artistes contemporains : de Pollock à De Kooning. Référent pour tout le mouvement Cobra mais également pour Bacon dont la puissance picturale est dans la stricte lignée de celle de Soutine.

La Pinacothèque de Paris souhaite aujourd'hui montrer sous un jour nouveau le travail de cet artiste essentiel du début du XXe siècle, grâce à des prêts exposés pour la première et vraisemblablement la dernière fois.

Le catalogue, très documenté, permettra de mieux cerner l'ensemble des aspects essentiels qui font la force et l'unicité de Soutine : ses liens avec le Judaïsme, sa fortune critique, sa relation triangulaire avec Albert Barnes et Paul Guillaume qui lui apportera fortune et notoriété mais aussi ses caractéristiques artistiques, comme ses liens culturels avec le passé et l'avenir, sa passion pour les séries comme Monet, et sa force d'anticipation. Autant de points qui renouvelleront totalement le regard porté sur l'--uvre de Chaïm Soutine et que Jacqueline Munck, Sophie Krebs et Marc Restellini développeront.

Commissaire de l'exposition : Marc Restellini

 

Publié dans Art

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article